Bravoune, la peluche courageuse
(Ou comment j’ai aidé mon humain à se retrouver.)
Je m’appelle Bravoune
Je suis une petite peluche lion sans rugissement.
Pas de dents, pas de griffes.
Juste une crinière un peu de travers, et des yeux cousus avec maladresse.
Je n’ai rien d’impressionnant.
Ni force spectaculaire, ni stature imposante.
On ne compte pas sur moi pour faire bouclier ou pour dominer une pièce.
Je suis fait de douceur un peu râpée, de tissu usé par le temps.
Mes coutures, tendues par les années, semblent retenir quelque chose…
comme si elles portaient en silence une mémoire que personne ne voit.
On m’a offert à mon humain lorsqu’il était tout petit, un jour où il avait pleuré plus fort que jamais.
Je ne sais pas ce qui s’était passé ce jour-là. Les peluches n’ont pas accès aux mots des adultes.
Mais je me souviens du silence.
Un silence lourd, collant, celui qui reste dans une chambre même après que les larmes aient séché.
Depuis, je suis resté là.
Au fond du lit.
Sur l’étagère.
Parfois tombé derrière une commode, oublié pendant des mois, des années peut-être.
Je suis passé d’un monde d’enfant à un monde d’adolescent sans que personne ne me demande mon avis.
Mais toujours quelque part, pas très loin.
Il avait peur
Mon humain a grandi avec une peur dans la poitrine.
Une peur ancienne, enracinée, qui ne criait pas toujours mais qui était là, comme un frisson permanent sous la peau.
Il avait peur de ne pas être à la hauteur, de tout rater, de décevoir.
Il voulait exister aux yeux des autres, sans pour autant attirer trop d’attention.
Être vu lui faisait peur.
Ne pas l’être, encore plus.
Il vivait dans une tension constante, comme s’il marchait sur un fil au-dessus du vide.
Alors il mettait des masques.
Celui du parfait, du fort, du drôle.
Celui du « ça va », même quand tout criait le contraire à l’intérieur.
Faire semblant était devenu une seconde nature.
Donner le change, une habitude.
Il survivait à l’intérieur d’un costume cousu de sourires, trop étroit pour sa vérité.
Et moi, j’attendais.
Je n’avais pas disparu.
Les peluches savent se faire discrètes.
Nous n’avons pas besoin d’attention pour continuer à aimer.
Nous existons dans les silences.
Dans les regards qu’on jette sans faire exprès.
Dans les soupirs que personne ne comprend, sauf nous.
Nous sommes des sentinelles muettes, des gardiens de l’ombre.
Le soir où tout a changé
Puis un soir, il m’a repris dans ses bras.
Cela faisait longtemps. Je croyais même qu’il m’avait oublié.
Mais ce soir-là, quelque chose avait craqué.
Je l’ai senti trembler.
J’ai senti ses épaules se relâcher comme si tout devenait trop lourd, et qu’il avait besoin…
… d’un témoin.
Pas d’un juge.
Pas d’un coach.
Juste d’une petite peluche qui ne part pas.
Alors je suis resté.
Je n’ai pas parlé, mais je lui ai transmis tout ce que je savais :
— Que la peur ne disparaît jamais, mais qu’on peut apprendre à marcher avec.
— Que le courage, ce n’est pas rugir, c’est continuer même en ayant les jambes qui flanchent.
— Que tomber, ce n’est pas échouer. Et que recoller les morceaux fait partie de l’art d’être humain.
— Que l’ombre fait partie de la lumière, et qu’il n’est pas obligé de cacher ce qui en lui pleure encore.
Je n’ai rien fait de spectaculaire.
Juste être là.
Juste être un « oui » silencieux au milieu d’un monde rempli de « tu devrais ».
Il a commencé à vivre
Peu à peu, il a commencé à écrire.
À dessiner.
À parler.
Il ne cherchait plus la perfection.
Plus besoin d’avoir tout compris avant de parler.
Peu à peu, il a trouvé le courage d’exprimer ce qu’il ressentait.
Le premier mot qu’il a osé dire, c’était non.Puis à dire oui, mais des vrais oui. Des oui choisis.
Un jour, il a osé dire « j’ai mal » sans honte.
Et même « je ne sais pas ».
Et surtout, un mot magique : « je me pardonne ».
Il a croisé son reflet sans détourner les yeux.
Accepter que certains jours soient difficiles est devenu possible.
Plutôt que de cacher ses blessures, il leur a permis de respirer.
Un matin, au cœur d’un silence, il s’est murmuré un merci.
Un merci adressé à lui-même,
pour avoir tenu bon malgré les tempêtes,
pour être toujours là,
et pour ne jamais cesser d’avancer.
Je suis toujours là
Il ne me prend plus dans ses bras tous les soirs.
Ce n’est pas grave. Ce n’est pas mon rôle d’être un besoin.
Je suis un souvenir vivant.
Une racine.
Un ancrage que personne ne voit mais qui tient ferme quand les vents reviennent.
Je suis la voix intérieure qu’il apprend à écouter.
Celle qui ne crie pas, mais qui murmure :
Tu as le droit d’être toi.
Même quand tu doutes.
Même quand tu pleures.
Même quand tu n’es pas prêt.
Même quand tu retombes.
Même quand tu crois que tu n’y arriveras jamais.
Je ne suis pas un miracle.
Je suis un compagnon.
Et ça suffit.
Je suis Bravoune
Je suis sa peluche du courage.
Sans superpouvoirs, sans cape.
Je n’interviens pas pour sauver, ni pour guider.
Simplement, je marche à ses côtés, là où personne ne voit.
Et aujourd’hui, je veille…
… sur un humain qui commence enfin à se choisir.
Pas comme on choisit un vêtement à la mode.
Mais comme on choisit d’habiter enfin sa propre peau, avec ses peurs, ses bosses, ses beautés cachées.
Il n’a plus besoin de moi comme avant.
Mais parfois, quand la nuit est trop lourde, il me cherche encore.
Il ne le dit pas, mais je le sens.
Alors je suis là.
Toujours.
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Lexis
Plushie Therapist👋 Je suis Lexis, créateur de Plushie Dream. J’explore l’univers secret des peluches et je partage leurs aventures, entre douceur, rêve et un soupçon de fantaisie ✨🧸.
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