Bzee Bzee, l’abeille qui voulait chanter pour les fleurs

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Une abeille pas comme les autres

Bzee Bzee n’était pas une abeille comme les autres. Déjà, c’était une peluche — donc inutile de lui parler de pollen, de ruche ou de danse frétillante, elle n’avait jamais mis un pied (ou plutôt une patte) dans un champ réel. Mais dans sa tête de velours jaune, il y avait un monde entier, bourdon d’idées et de curiosités.

Chaque matin, quand le soleil filtrait à travers la fenêtre de la chambre de son humain, Bzee Bzee se redressait sur son étagère et se demandait : « Pourquoi les fleurs ne viennent-elles jamais à moi ? »
Elle avait pourtant une belle couleur, une forme plutôt sympathique, et un sourire cousu main. Mais rien à faire : les fleurs, ces beautés colorées alignées dans le vase du coin, l’ignoraient royalement.

Alors un matin, elle eut une idée qui allait, pensait-elle, révolutionner le monde végétal :
— Puisque les abeilles vont vers les fleurs… et si moi, j’étais la première abeille à faire venir les fleurs à moi ?

Ce fut le début de la « Grande Expérience Florale de Bzee Bzee ».
Son plan était simple : chanter.

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La grande expérience florale

Après tout, les humains se servent bien de la musique pour séduire, se calmer, ou pleurer dans leur oreiller. Pourquoi les fleurs n’y seraient-elles pas sensibles ? Les roses ne semblaient-elles pas déjà danser quand le vent jouait ? Et les tournesols ne se tournaient-ils pas vers la lumière comme vers une mélodie invisible ?

Elle prit une profonde inspiration (ce qui, pour une peluche, est un exploit d’imagination), gonfla son petit thorax en coton, et entonna sa première note.

— BZZZZZ… euh… ZZZIIIII… BZEEEEE…

Le son qui sortit était… particulier.
Quelque part entre le sifflement d’une théière et la plainte d’un moustique enrhumé. Mais Bzee Bzee ne se découragea pas. Les débuts sont toujours chaotiques — Beethoven aussi a dû avoir des ratés, non ?

Pendant des jours, elle chanta.
Le matin, elle improvisait des hymnes au pollen.
L’après-midi, elle testait des vocalises inspirées du bourdonnement cosmique des ruches imaginaires.
Et le soir, elle se produisait devant son public préféré : une orchidée en plastique légèrement poussiéreuse.

La fleur, stoïque, ne bougeait pas.
Mais Bzee Bzee interpréta ce silence comme une attention extrême.

— Elle est touchée, murmura-t-elle un soir, les yeux brillants. Elle retient ses larmes.

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Le conseil du vieux lapin

C’est à ce moment-là que Peluchon, le vieux lapin en velours usé, leva la tête de son coussin.
— Tu sais, Bzee, les fleurs ne bougent pas beaucoup. Même quand elles t’aiment bien.
— Tu crois qu’elles m’aiment ?
— Elles t’écoutent, et c’est déjà pas mal.

Bzee Bzee se tut, émue.
Et pour la première fois, elle écouta elle aussi.

Le silence autour d’elle n’était pas vide : il vibrait doucement, comme un murmure secret. Peut-être que les fleurs lui répondaient d’une manière différente — pas avec des mots, ni même des sons, mais avec une lente patience. Une écoute invisible.

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Le rêve chantant

Cette nuit-là, Bzee Bzee rêva qu’un champ entier de fleurs s’ouvrait en rythme avec sa voix. Des corolles battaient comme des cœurs, et les pétales chantaient en retour. Ce n’était pas un concert, mais une conversation.

Le lendemain, elle chanta encore — pas pour attirer les fleurs, mais pour les remercier d’exister. Et, à sa grande surprise, son chant devint plus doux, plus juste, presque… harmonieux.

L’humain entra dans la pièce à ce moment-là, leva les yeux vers l’étagère, et sourit :
— Tiens, on dirait que le vent fait chanter ma petite abeille.

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Une chanson pour le monde

Bzee Bzee, gonflée de fierté, resta immobile.
Elle avait compris : certaines musiques ne se mesurent pas au bruit qu’elles font, mais à ce qu’elles réveillent, même dans le coton.

Et depuis ce jour, chaque fois qu’un rayon de soleil touche une fleur dans la chambre, il se murmure que c’est peut-être Bzee Bzee qui répète encore, quelque part entre rêve et réalité, sa chanson pour le monde.

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