Pataflaf, la peluche volante

Je m’appelle Pataflaf.
Je suis dodue, molle, et farcie aux haricots de plastique recyclé.
On m’a cousu deux petites ailes dans le dos, mais elles sont en feutrine. Autant dire qu’elles ne servent à rien, sauf à faire rire les enfants.

Mais moi, j’ai toujours rêvé de voler.

Pas juste faire un petit bond sur un trampoline, non. Je parle de voler pour de vrai. Fendre les nuages. Tourbillonner avec les moineaux. Déjouer les radars de l’aéroport de Phnom Penh. La totale.

Chaque nuit, je ferme mes yeux brodés et je m’imagine décoller doucement de l’étagère.
Ma mission ? Devenir la première peluche aérostatique non homologuée.

Mais voilà… je suis aussi aérodynamique qu’un sac de pommes de terre en chaussettes.

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Et puis un jour, tout a basculé. Littéralement.

Ma petite humaine, Zoé, jouait dans le jardin avec un lance-pierre géant fabriqué avec des collants, un manche à balai et un niveau de supervision parentale proche de zéro.

Elle voulait d’abord envoyer une chaussure.
Mais elle s’est arrêtée net. Elle m’a regardé. Un sourire malicieux a illuminé son visage.

« Pataplaf, tu veux voler, hein ? »

Elle m’a soulevé avec une solennité ridicule, m’a tapoté la tête comme un pigeon qu’on baptise, et m’a placé dans la fronde artisanale.

« Prépare-toi pour la mission Plaf Plaf dans les étoiles. »

J’ai essayé de dire non. Mais sans bouche, c’est compliqué.

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Et là…

ZWOUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !

Je me suis envolé.

Je. Me. Suis. ENVOLÉ.

Un frisson de coton m’a parcouru le dos. Les herbes sont devenues minuscules. Le toit de la maison ressemblait à un biscuit pour oiseau. Des moustiques me saluaient sur mon passage.

J’étais le pigeon en peluche que le destin n’avait jamais prévu.

Mon oreille gauche flottait au vent comme une bannière. Mon bras droit tournait en hélice. Pendant 4,2 secondes, j’ai goûté à la liberté.

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Et puis…

L’univers m’a rappelé que j’étais rembourré et sans permis de vol.

PLOUF.

Je me suis écrasé dans le gazon. Un atterrissage tête la première, pile dans une touffe de trèfles.
Mon nez en tissu s’est rempli de terre.
Une fourmi m’a insulté en silence.
Une taupe a levé un sourcil (si tant est qu’elle en ait).

Zoé a accouru, hilare, me ramassant comme un héros de guerre tout doux.

« T’as volé, Pataflaf ! T’as VOLÉ ! »

Moi, je ne répondais pas. J’avais du trèfle dans l’âme et une aile de travers.

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Depuis ce jour, on m’appelle Pataflaf l’Aérien.

Je trône sur une étagère, fièrement penché, toujours un peu de gazon dans la couture.

Et la nuit, quand le vent souffle sous la porte, je tends mes ailes en feutrine…
Au cas où une rafale déciderait de m’embarquer, une fois de plus.

Pour découvrir d’autres aventures de peluches courageuses, voyez Tigroux l’aventurier rose.