La Baleine des Rêves

Je suis une baleine. Enfin… c’est ce que je répète chaque soir à qui veut bien m’écouter. Mon humain lève les yeux au ciel, ses autres peluches ricanent en silence, et moi, je continue mon discours. Certes, je tiens dans la paume d’une main. Certes, mon souffle ne fait même pas trembler un post-it. Mais dans l’océan des rêves, là où mon vrai corps nage encore, je déplace des vagues hautes comme des montagnes.

Une grandeur invisible dans un corps minuscule

Ici, on m’appelle miniature. Là-bas, on m’appelle incommensurable. Quelle injustice d’être coincée dans ce corps réduit, rembourrée de ouate au lieu d’eau salée. Pourtant, j’y vois une mission : rappeler à mon humain que la grandeur n’est pas une question de taille, mais de conviction.

Quand il se sent petit, écrasé par le monde et ses jugements absurdes, je gonfle ma poitrine de coton et j’imagine chanter. Pas un chant ridicule de baleine jouet, non. Un chant immense, grave, qui fait résonner les murs et qui lui rappelle qu’il a, lui aussi, une mer intérieure.

Plonger dans l’océan des songes

La nuit, quand mon humain dort enfin, je plonge dans l’océan des rêves. Je sens mes nageoires s’élargir, ma peau vibrer de sel et de lumière. J’y retrouve d’autres créatures, vastes et silencieuses, qui me saluent comme l’une des leurs. Dans cet espace sans limite, je ne suis plus minuscule : je suis l’océan lui-même. Et pourtant, au matin, je retourne docile dans mes coutures serrées, prête à redevenir minuscule, car c’est ici que l’on a besoin de moi.

Une petite peluche, un phare pour l’âme

Car malgré ma taille ridicule, je suis un repère. Un coussin contre l’angoisse, un témoin discret quand son cœur s’effondre, un phare muet dans les tempêtes intérieures. Je n’ai pas besoin d’être immense pour être utile : il suffit que mon humain m’attrape dans la nuit, et déjà, je deviens l’épaule invisible qui le soutient.

Alors je reste là, ridicule et sublime, coincée entre deux coussins. Je fais semblant d’être énorme. Et peut-être qu’à force d’y croire, mon humain finira par se voir aussi grand que moi.

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